Chacun à ses raisons pour commencer à fumer. Chacun a ses raisons aussi pour s’arrêter. C’est alors la fin d’une histoire, la fin d’une histoire de dépendance à l’objet. Et la page se tourne, c’est comme une nouvelle vie qui commence, avec ses découvertes et ses apprentissages : redécouvrir le temps, l’espace, sa respiration, l’odeur de l’air et le goût des aliments, réapprendre l’usage de ses mains, réapprendre à attendre et à s’ennuyer, réapprendre le rapport à l’autre aussi, un rapport sans écran, direct, dans lequel on ne peut pas se cacher derrière un objet.
Mais en fait, comment faisait-on « avant » ? À l’époque où « la cigarette n’existait pas » ? Tant que l’individu n’a jamais fumé, les autres ont beau fumer autour de lui, il reste impassible, l’objet cigarette n’existe pas pour lui. La cigarette n’a d’existence que lorsqu’on a éprouvé la dépendance, la perte de liberté, l’enchaînement au geste. Et après, le monde se transforme.
Arrêter de fumer, c’est pouvoir retourner en arrière, effacer cet « apprentissage » de fumeur pour retrouver les schémas de pensée et de comportement « d’avant ». Impossible ? Pas si sûr.
Si le cerveau et le corps sont capables d’enregistrer le désir/plaisir du tabac, ils ont été capables aussi d’imprimer le vécu corporel du non-fumeur. Cette façon de vivre l’espace et le temps sans tabac est restée inscrite à l’intérieur de l’individu. Tout fumeur a été non-fumeur pendant sa jeunesse, les années les plus formatrices pour l’individu.
L’hypnose est une méthode thérapeutique qui utilise les capacités de l’inconscient, cet espace psychique qui stocke justement les apprentissages successifs de l’être humain – les fameux apprentissages de jeunesse par exemple en font partie – ceux-ci transformés en ressources et en solutions. L’hypnose se base sur les ressources présentes en chacun de nous pour que le patient trouve sa propre solution à son problème.
Ainsi, l’ancien fumeur en séance d’hypnose expose entre autres son histoire de fumeur, comment il a commencé, ses modèles de fumeurs et de non-fumeurs, pourquoi il souhaite s’arrêter – pour lui ou pour les autres, par peur de la mort ou par désir de vivre – ses atouts et ses faiblesses, les points d’accroche pour renforcer sa motivation, les points aveugles qui risquent de le faire rechuter, et notamment ses peurs d’arrêter – va-t-il projeter son manque sur les autres, va-t-il grossir en compensant le manque par la nourriture ? L’hypnothérapeute répond à toutes ces questions, il renforce les ressources du patient pour le maintenir dans sa décision d’arrêter, trouve des substituts à l’objet cigarette, travaille avec lui sur la dépendance de la zone orale, sur le stress et la gestion des émotions.
La cigarette peut avoir été pendant un temps une solution jugée convenable par le fumeur : un travail trop éprouvant, une situation inextricable, des émotions ingérables, une timidité qui l’empêche de se mêler au groupe, des angoisses paralysantes, et la cigarette vient comme une solution au problème. Dès que l’envie d’arrêter pointe son nez, c’est que la solution-cigarette est périmée. Il faut alors changer de solution, faire disparaître la solution désuète, obsolète, pour lui substituer une nouvelle solution, plus adaptée au réel que l’ancien fumeur vit maintenant au quotidien. Et cette nouvelle solution passe par l’arrêt du tabac.