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Les troubles alimentaires

 

Les troubles des comportements alimentaires et l’hypnose

 

Une dépendance comportementale

Qu’il s’agisse de se priver de nourriture ou encore de se remplir jusqu’à parfois en vomir, il s’agit là de conduites addictives : le sujet est esclave d’un objet (cela vient du droit romain « donner son corps en gage pour payer une dette »). Ici l’addiction a un rapport avec l’oralité. Il pourrait s’agir d’une quête effrénée pour retrouver, grâce à l’objet addictif, l’unité originaire perdue.
Pour les troubles alimentaires, on parle de dépendance comportementale.

L’anorexie

9 cas sur 10 sont des femmes. On remarque un amaigrissement souvent spectaculaire qui dépasse 25% du poids initial, accompagné d’un trouble de la perception de l’image du corps appelé aussi dysmorphophobie (crainte obsédante d’être mal formée, vision déformée de son corps et du regard des autres sur soi). Parfois, les règles s’arrêtent (aménorrhée).
L’anorexique vit en permanence dans la frustration : elle restreint activement son alimentation, elle lutte avec acharnement contre la faim et en même temps manifeste un intérêt exagéré pour la nourriture (certaines anorexiques finissent par ne plus parler que de ça). Le fonctionnement intellectuel est excellent, surinvesti (hyperactivité intellectuelle).
La vie relationnelle et la sexualité peuvent en pâtir.

C’est un trouble se situant à un carrefour entre la psychologie individuelle, les interactions familiales, le corps dans son aspect le plus biologique, et la société.
L’anorexique frôle la mort, joue avec les limites, se place dans une auto-destruction inconsciente, fantasme d’autarcie, de légèreté, d’évanescence, problème de place, être la plus maigre de sa famille (analyse systémique), ou des personnes que l’on croise, problème de conscience d’exister, jeu avec la pulsion pour jouir de la maîtrise, du contrôle, de la frustration infligée et de sa capacité à affronter la frustration.

L’hypnose permet de travailler sur la perception de l’image du corps et sur la dysmorphophobie, sur la féminité, l’histoire affective, le mécanisme identificatoire et l’identité.

La boulimie

La boulimie vient de 2 mots d’origine grecque : limos (faim) et bous (bœuf), littéralement « faim de bœuf ». La crise de boulimie ou « raptus boulimique » est décrite comme un passage à l’acte qui s’effectue dans la solitude, la clandestinité, le secret. Il s’agit de l’absorption en un temps limité d’une quantité de nourriture énorme. Durant cette crise, cette « pulsion dévorante », le sujet a le sentiment d’une perte de contrôle totale sur son comportement alimentaire. Il peut engloutir les aliments sans les mastiquer. Le plus souvent, il ne ressent pas la satiété. Et pourtant, cette crise obéit à un scénario souvent précis et répétitif. Le sujet est capable de notifier la fréquence de ses crises, la durée, les heures auxquelles elles se produisent. Il peut décrire minutieusement tout ce qui s’est passé et ce qu’il a ingurgité.
La crise est suivie de vomissements, si ce n’est pas le cas on parle d’hyperphagie et non de boulimie. Le sujet peut utiliser des laxatifs, des lavements, des diurétiques. Pour certains boulimiques, il s’agit de « se vider » après « s’être remplis ».
Les boulimiques peuvent rencontrer des problèmes d’œsophage accompagnés parfois d’hospitalisation, ou même des problèmes cardiaques.

La boulimie ne doit pas être confondue avec les compulsions alimentaires ponctuelles, liées au stress, à l’ennui, au sentiment de vide ou d’impuissance, et qui s’apparentent à du grignotage.

L’hypnose permet d’apaiser l’anxiété qui résulte de la crise et qui fait craindre le retour incontrôlable du « raptus boulimique ». Le travail peut porter sur les facteurs possibles de ce comportement, facteurs affectifs, relation objectale, problématique d’intérieur et d’extérieur de soi. Le plus souvent, on pratique le comportementalisme (TCC). On cible aussi la honte, la culpabilité, la confiance en soi,le sentiment de solitude.

Le trouble alimentaire est aussi une façon de ressentir, d’habiter ses sensations, son corps et de se sentir exister. Quand on a faim et que l’on mange, on annule la tension du désir, l’impératif du besoin. Il faut pouvoir assumer ce nouvel état d’absence de tension ou bien relancer son désir vers un nouvel objet.
L’anorexique se place dans cette tension permanente, une faim qui ne connaîtra jamais la satiété, même si à force de se restreindre on amoindrit la faim, on la « désapprend », on se place hors sensation. L’anorexique cherche peut-être à s’affranchir de cette dynamique tout en s’inscrivant en son milieu.
La boulimique, dans cette perspective, se situerait au delà de la satiété et de l’annulation du désir ou du besoin. Un nouvel ensemble de sensations va venir se substituer au cortège de ressentis inhérents à la faim : ventre et estomac remplis, tendus jusqu’à la douleur, perceptions des limites internes de son corps par la tension physique, celle des parois, des « membranes ». Se sentir exister par le trop-plein : nouvelle tension, nouveau besoin de l’être, comme une solution à la peur de la disparition du désir.