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Les troubles du sommeil : de l’utilité du « faire comme si »

Il existe une technique théâtrale qui consiste à approfondir un état – émotionnel ou sensoriel – donné afin de provoquer une attitude inhérente au jeu d’un personnage.
Une fois immergé dans l’attitude, l’état s’en trouve renforcé
.

Par exemple, si je veux jouer un rôle de personnage triste, je vais me raccrocher à une tristesse déjà vécue, personnelle, stockée dans ma mémoire psychique et corporelle. Je vais m’identifier à ce moi-là triste, je vais devenir la matière même de ma tristesse, ne faire qu’un avec cet état, jusqu’à me laisser déborder par ma tristesse et pleurer.
Mon état à provoqué une attitude, je suis maintenant prêt à jouer mon rôle de personnage triste.
En continuant sur ma lancée, en jouant encore davantage mon rôle, je vais entrer plus avant dans ma tristesse, la développer et l’intensifier.
L’état et l’attitude se placent en interaction, se nourrissent l’un l’autre, jusqu’à fusionner.

L’hypnose et la sophrologie, les méthodes de thérapie brève à orientation psycho-corporelle, utilisent ce cercle vertueux de « l’état-attitude ».

L’exemple des troubles du sommeil

Prenons comme exemple les troubles du sommeil.
L’attitude recherchée est l’endormissement facile, sans effort et sans s’en rendre compte, le lâcher-prise menant au sommeil. Or, pour lâcher prise, on ne peut pas utiliser des suggestions directement axées sur le lâcher-prise : si je me dis « Maintenant, je suis en train de lâcher prise » il est évident que je me suggestionne en étant dans le contrôle.
Pour faciliter l’endormissement (attitude), je vais utiliser l’état. L’état de calme par la respiration du dormeur est déjà une piste.

Avez-vous déjà écouté attentivement quelqu’un qui dort ?
La respiration du dormeur possède un rythme et une impulsion particulière : une inspiration profonde et une expiration prononcée, presque plus courte, comme évacuée dans un souffle, comme un soupir. Le rythme reste soutenu sans être rapide.
En imitant la respiration du dormeur comme si je dormais déjà (état), je vais très rapidement provoquer une attitude d’endormissement : le cerveau « se déconnecte », comme s’il flottait, mon attention se centre sur mon souffle et je ressens presque un léger vertige, comme un soupçon d’ivresse. Je suis en état de conscience modifié, c’est certain.
En prolongeant cet état, je bascule sans m’en rendre compte dans le sommeil. Il est ensuite évident que mon attitude va renforcer mon état puisque mon endormissement va me faire respirer ainsi jusqu’au matin.

Ce qu’on appelle la « visualisation » en hypnose ou en sophrologie n’est pas uniquement et exclusivement un « exercice » basé sur l’émergence d’images visuelles. C’est avant tout l’entrée dans un processus de « comme si ». En jouant le jeu, en faisant « comme si je dormais déjà », mon corps enregistre l’information et dort, car pour lui et pour mon cerveau, mon sommeil a déjà commencé.