L’hypnose et le traitement des addictions
L’addiction se définit comme la dépendance d’une personne à une substance ou une activité génératrice de plaisir, dont elle ne peut plus se passer en dépit de sa propre volonté.
Sur le plan comportemental, l’attitude répétitive d’une addiction vient neutraliser un état de tension interne qu’elle est censée soulager. J. Mc. Dougall parle d’actes-symptômes, explosion dans le corps ayant la fonction d’une décharge court-circuitant le travail psychique.
Sur le plan physiopathologique, l’empreinte que laissent ces conduites addictives modifie en profondeur le système biologique et entraîne un cercle vicieux répétitif. Un système de récompense du cerveau a été décrit s’installant et générant la dépendance comportementale.
L’hypnose agit à ce niveau là, brisant le cercle vicieux, la répétition, procédant au déconditionnement et au reconditionnement positif afin d’installer un nouveau système de récompense pour le cerveau.
Le mécanisme de l’addiction :
L’addiction pourrait être vue comme une tentative pour déplacer une dépendance affective originelle sur un objet « non-humain » afin de se préserver émotionnellement.
Dans les premiers temps de la vie, le bébé apprend à créer des images mentales à partir de l’absence de sa mère. Durant les périodes de « solitude » plus ou moins longues, le bébé qui désire la présence de sa mère construit une représentation interne de cette dernière à partir d’images mentales et passe ainsi du besoin au désir. Dans certains cas, ce lien n’a pas pu être intériorisé par le bébé ; les sentiments de sécurité et de confiance seront donc plus fragiles chez lui, toute absence ultérieure risquera d’être vécue comme une perte voire un abandon.
Le bébé, futur addictif, va vouloir se défendre de cette dépendance. Le sujet addictif rejoue avec l’objet de son addiction la situation inachevée de l’enfance. Pour lui, le désir de l’Autre devient intolérable ; c’est moins un désir qu’un besoin fusionnel et total, voué à l’expérience du manque. Pour résoudre cette problématique, il va faire en sorte de trouver le désir et le plaisir dans un objet qui reste contrôlable et à sa merci : il pense qu’il n’en dépendra pas puisqu’il le contrôle (contrairement à un humain). L’objet de l’addiction est toujours consentant et à son bon vouloir ; avec celui-ci, le sujet addictif se pense auto-suffisant. Mais cette tentative se transforme en reproduction du problème initial : avec le manque, le sujet se retrouve en état de dépendance, comme s’il dépendait de sa mère. Très vite, son objet d’addiction va devenir un besoin vital.
Le sujet addictif devra donc passer de l’auto-suffisance à la dépendance et à l’autonomie. La thématique de l’attachement sera forcément abordée en hypnothérapie pour accompagner les cas de dépendance. Le corps et les sensations seront partie prenante du suivi : pour le sujet dépendant, le corps est sa façon d’être au monde, il remplace les émotions et les affects difficiles à gérer.
Après le deuil de sa relation à l’objet d’addiction, le sujet dépendant fera l’expérience de la vraie séparation. Il peut temporairement se retrouver dans un état dépressif avec une sensation de vide existentiel et identitaire (que la dépendance camouflait).
Le sevrage tabagique :
Le suivi doit absolument être individualisé. Le patient très motivé peut s’arrêter tout seul. Le patient qui demande notre aide est ambivalent : il voudrait bien s’arrêter de fumer, mais une partie de lui-même ne le veut pas. Il faut que le patient trouve une vraie motivation : on s’arrête de fumer pour quelque chose ou quelqu’un et non contre quelque chose.
Il est important de questionner le patient sur les bénéfices et avantages dérivés du fait de fumer (par exemple, faire face à l’anxiété et à la nervosité, faciliter les contacts sociaux, manifester rébellion et indépendance, se donner l’autorisation de faire un retour sur soi pour prendre une pause, un peu de temps pour soi, s’extraire d’un flux d’activités ou de pensées, décharger des tensions, etc.). Parfois le tabac est utilisé pour gérer des sentiments de frustration ou de colère, cet aspect est le plus souvent à l’origine des rechutes dans le cadre plus global des addictions. Les patients dépendants ont besoin d’aide pour exprimer leur colère d’une manière constructive et pour s’engager dans des comportements d’affirmation de soi opportuns : renforcer le moi pour augmenter les sentiments d’efficacité personnelle, de puissance, de contrôle de la situation, de maîtrise de soi.
En fonction de l’histoire du sujet et de son degré d’addiction, le nombre de séances d’hypnose peut varier de un à six environ.